L'accord UE-Mercosur : Enjeux et Problèmes d'un Partenariat Ambitieux

morelle Par Le 2024-11-17

L’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) est l’un des plus ambitieux jamais négociés par l’UE. Finalisé en 2019 après 20 ans de négociations, il concerne un marché combiné de plus de 780 millions de personnes et représente un potentiel économique colossal. Cependant, cet accord soulève des enjeux économiques, environnementaux et sociaux qui divisent les opinions.

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Les Enjeux de l’Accord

L’accord vise à dynamiser les échanges commerciaux entre les deux blocs, en supprimant 91 % des droits de douane pour les exportations de l’UE vers le Mercosur et en réduisant 92 % des droits de douane appliqués par l’UE sur les produits du Mercosur. Cette ouverture permettrait aux entreprises européennes d’accéder à un marché dynamique tout en offrant aux exportateurs sud-américains un meilleur accès au marché européen.

Pour l’UE, les exportateurs industriels, notamment dans les secteurs de l’automobile et des machines, seraient les principaux bénéficiaires, générant une augmentation des exportations estimée à plus de 4 milliards d’euros par an. Du côté du Mercosur, les agriculteurs verraient une hausse des exportations de produits agricoles (bœuf, sucre, éthanol) vers l’Europe, renforçant ainsi la compétitivité de leurs produits sur un marché clé.

Les Problèmes et Controverses

  1. Impact environnemental :
    L’un des points les plus critiqués est l’impact environnemental de l’accord. Le Mercosur, en particulier le Brésil, a été accusé d’une déforestation massive de l’Amazonie, encouragée par l’expansion agricole et l’élevage. Selon des données de l’Institut National de Recherches Spatiales (INPE), la déforestation en Amazonie a augmenté de 22 % entre 2020 et 2021, exacerbant les émissions de CO₂ et menaçant la biodiversité. Les ONG et les écologistes redoutent que l’accord n’accélère ces tendances en favorisant une agriculture intensive.
  2. Concurrence pour les agriculteurs européens :
    L’accord suscite des inquiétudes parmi les agriculteurs européens, notamment dans les secteurs de la viande bovine, de la volaille et du sucre. Ces secteurs, déjà soumis à des pressions économiques, craignent de ne pas pouvoir rivaliser avec les produits sud-américains, souvent moins chers en raison de normes environnementales et sociales moins strictes. Par exemple, la France a exprimé des craintes pour ses éleveurs bovins, car le Mercosur pourrait exporter 99 000 tonnes de viande bovine vers l’Europe à des tarifs douaniers réduits.
  3. Respect des normes sociales et sanitaires :
    Les normes sociales, sanitaires et environnementales du Mercosur ne sont pas toujours alignées sur celles de l’UE, ce qui pose un défi de concurrence déloyale. De plus, l’absence de mécanismes coercitifs dans l’accord pour faire respecter les engagements environnementaux inquiète les défenseurs des droits humains et de l’environnement.

Quelles Perspectives ?

Face aux critiques, plusieurs États membres de l’UE, dont la France, l’Allemagne et l’Autriche, demandent des garanties supplémentaires pour s’assurer que l’accord respecte les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Une révision pourrait inclure des clauses environnementales plus contraignantes, bien que cela risque de retarder la mise en œuvre de l’accord.

Dans un monde où le commerce est de plus en plus confronté à des enjeux écologiques et éthiques, l’accord UE-Mercosur incarne à la fois un levier pour le développement économique et un défi pour une croissance durable. L’avenir de cet accord dépendra de la capacité des deux parties à équilibrer ces dimensions contradictoires.